La leçon amère

Dr Nesrine Choucri Samedi 19 Mai 2018-23:19:11 Shéhérazade raconte
La leçon amère
La leçon amère

Shéhérazade raconte tous les soirs des histoires au roi. Des histoires qu'elle a regroupées du fond de l'Egypte, mais qui sont riches en morale. Aujourd'hui, elle raconte l'histoire du prisonnier déboussolé.

Il était une fois un jeune homme qui ne voulait pas travailler. Il préférait rester à la maison et ne rien faire. Fort comme un taureau, il refusait de déployer un effort physique quelconque, il comptait surtout sur sa famille. Sa mère l’aimait beaucoup et elle ne cherchait pas à le gêner. Un jour, face aux critiques des habitants du quartier, elle a décidé de lui parler enfin de l’affaire. « Mon cher fils, vous ne travaillez pas et tout le monde en parle », a-t-elle dit.

Le jeune homme assis comme un paon lui a rétorqué : « Je ne peux pas user mon beau corps dans les champs, je mérite un brillant avenir et un meilleur sort. Je devrais être un sage ou être parmi les gardes du roi ». La mère, désemparée, lui a dit : « Mais, ce n’est pas le cas, alors essaye de gagner ton pain d’une autre manière, une manière digne ».  Sur un ton dédaigneux, le jeune homme dit à sa mère : « Si tu appartenais à la haute classe sociale, cela n’aurait pas été mon sort. Tu es responsable de ma misère ».  Anéantie, la mère s’est tue, elle n’a plus jamais rouvert le même sujet. Elle a préféré le silence, mais les jours se sont écoulés et la femme attendait désespérément que son fils change d’attitude. Rien ne se passait. Le fils était inchangeable et rien ne lui faisait comprendre qu’il devait se trouver un métier pour gagner son pain.

Les jours se sont écoulés et la mère s’est éteinte telle une chandelle. Une chandelle qui éclairait la vie du jeune homme. Une vie qu’il ne valorisait pas. Après la disparition de la mère, le jeune homme n’a rien ressenti, il était encore entouré et couvé par ses voisins. Petit à petit, les voisins se sont éloignés et les gens ont commencé à s’éloigner, chacun pensant à sa propre vie. Le jeune homme a commencé à connaître des jours difficiles, il ne trouvait pas de quoi manger. Il devait alors frapper aux portes pour trouver un morceau de pain, mais, les gens ont commencé à fermer leurs portes à double clé à son passage. « Va chercher un boulot ! » lui disaient-ils.  

Affamé, le jeune homme a décidé alors de voler le pauvre marchand de fruits du coin. Se croyant fort, invincible et intelligent, le jeune homme n’a pas hésité un instant à se rendre chez le marchand pour s’emparer de force de quelques fruits. Il a pourtant oublié qu’il est affaibli par la malnutrition et par la pauvreté. Il se fait alors attraper par le marchand qui le conduit au caïd. Devant le caïd, le jeune prisonnier ne fléchit pas. Il fait un discours duquel on peut dire du moins qu’il est orgueilleux devant le juge : « Je mérite la place d’un sage ou d’un des gardiens du roi. Mais, ma mère n’appartenant pas à la classe sociale élevée a causé ma misère. J’ai tous les mérites du succès : je suis beau, jeune, fort et intelligent ».

Face à ce discours, le juge a décidé d’inculquer une leçon au jeune homme. Il lui dit : « Jeune homme, je veux bien croire tes paroles. Etant juge, j’ai appris à croire les actes plus que les paroles. Nous devons donc expérimenter ta force et ton intelligence pour t’aider à changer ton sort ».  Le jeune homme ne comprenait  rien, mais il était content que le juge soit de son côté.

Le juge a alors repris sa parole : « Mon fils, je vais t’enfermer dans une cellule. Si tu parviens à en sortir avant l’aube, je vais alors te libérer et je parlerai aux rois. Mais, si tu échoues à trouver l’issue, tu y resteras une année complète pour vol ». Le jeune a alors accepté le challenge. Il lui paraissait facile. Enfermé dans la cellule, le jeune a décidé de ne pas perdre son temps, il devait sortir de la cellule par n’importe quel moyen. Il a passé toute la nuit, à creuser, à chercher une issue secrète ou souterraine, ou à essayer de briser les fenêtres. En vain. Il n’est pas parvenu à sortir de sa cellule. Le jour s’est levé et le juge est arrivé, il n’est pas entré dans la cellule, mais a parlé au prisonnier derrière la porte: « Mon fils, tu n’es pas parvenu à en sortir». Le jeune homme lui a  dit : « Parce qu’il n’y avait pas d’issue.

Le juge lui a alors dit sur un ton triomphant : « Ah bon! As tu essayé d’ouvrir la porte?»

Le jeune a immédiatement ouvert la porte de la cellule. La porte s’est ouverte, elle n’était pas fermée à clé. Il a passé toute la nuit à chercher de sortir d’un lieu qui n’était même pas fermé.

Le juge lui a alors dit : « La réponse était devant toi mon fils, mais l’arrogance t’a bloqué la vue. L’espoir existe, il est toujours en face de nous. Il suffit d’avoir le courage de le percevoir».

en relation